lundi 23 avril 2007

mercredi 18 avril 2007

La Cigale... 4


Je suis petit oiseau
C'est la faute à Rousseau...
Son murmure s'estompa dans le bruit des voitures et s'envola vers des cieux plus cléments. Première réaction... se boucher le nez, et réfréner une certaine nausée.

Marcher dans la campagne le long des chemins enneigés l'avait somme toute requinquée, malgré quelques douleurs... Elle avait pu ainsi oublier sa faim et se revigorer; d'air frais. Mais ces odeurs d'essence et de diesel lui rappelèrent sa condition. Celle d'une affamée de nourritures saines pour le corps et l'esprit.
Elle ne put s'empêcher de penser que pour l'heure, n'importe quel aliment lui serait utile ...!
- "Pour celle de l'esprit, j'en fait mon affaire" parla/chanta notre Cigale, bien qu'un tremblotement dans sa voix lui révéla quelques sources d'inquiétude. Il lui avait suffit d'affirmer une chose à voix haute, pour immédiatement penser son inverse. Et si... et si l'inspiration venait à lui manquer... Et si...?!?!
Elle ressenti ses doigts glacés sur son violon.
La perte de son archet, oublié malencontreusement près de la Fourmi sa voisine, lui revint en mémoire; comme une douleur de plus à endosser. Impossible de faire marche arrière. Elle aurait pu, bien sûr... mais à présent, c'était vraiment trop tard. Sur le moment, la réponse de sa riveraine l'avait complètement décontenancée. Elle n'avait plus que pensé à fuir cet endroit inhospitalier. Mais, maintenant, un regret lui chatouillait les vertèbres et avait la faculté de la rendre nerveuse et irritable.
- "Quelle imbécile je fait" s'épancha-t-elle sur son cas, "dire que je n'aurais eu qu'à revenir en arrière pendant qu'il était encore temps pour reprendre mon bien précieux, mais au lieu de cela, je me suis lancée à corps perdu vers l'inconnu pour soigner mon âme."
Elle s'arrêta de marcher, contempla un bananier qui faisait pâle figure sous ces latitudes, puis reprit sa marche.
- "Bon, disons que j'étais complètement paumée."
Elle changea son violon de main pour réchauffer celle qui venait de travailler.
- "Mais... mais... il ne faut pas que je désespère, j'ai tout de même plus d'un tour dans mon sac, et pour plus bizarre que cela puisse paraître à certains... ainsi qu'à moi-même...hi ! ... j'ai de la chance !"
Malgré ses bonnes intentions et son caractère optimiste bien réel, cette phrase se mit à tourner en boucle dans son esprit, terminant par; j'ai de la chance et commençant par il ne faut pas que je désespère.
L'idée lui vint que ces loops de son esprit se mirent à se balader dans son corps. Réveillant de ci, de là, quelques douleurs dorsales et lombaires, pour finir en circuit fermé dans le creux de son estomac. Un sentiment d'impuissance vint engourdir son corps en entier pour jouer en duo avec le doute qui ne cessait de croître dans son organisme. La Cigale essaya de stopper cette chanson de la maladie qui semblait prendre possession de son corps, en la niant, tout simplement. Elle alla chercher tout un tas de raisonnements qui pouvaient prouver qu'elle n'avait pas le droit d'être malade et que d'ailleurs... la maladie n'est pas une chanson, comme elle se l'était mise à penser. Un vertige s'empara d'elle, la faisant valser légèrement sur place. Son univers devint confus le temps d'une seconde interminable. Elle tendit sa main vers le chaos et la sentit s'accrocher à un grillage qui lui évita la chute.
Une bouffée de chaleur froide la traversa jusqu'aux minuscules gouttelettes de sueur qui se mirent à lui envahir le corps..
- "Hou la ..." dit-elle, "ce n'est vraiment pas le moment de me focaliser sur mes angoisses" mais elle ne sut que rajouter à ses pensées. Une brise glaciale la transperça comme un courant électrique. Cette décharge eu pour effet de la stimuler à mettre les voiles le plus rapidement possible, et de ne plus perdre une seule seconde. Une voix lugubre et irréelle sonna le glas dans son esprit : "Je veux mourir"... mais elle refoula cette pensée sans contremesure pour ne penser qu'à avancer... avancer vers le centre-ville, ne plus penser à quoi que ce soit qui puisse l'égarer ...
D'un pas accéléré, elle entama les premiers trottoirs de la ville qui venaient fricoter avec la zone industrielle.
Son attention se fixa sur les voitures qui la croisaient. Elle put distinguer, au volant; des fourmis pour l'essentiel, mais aussi des araignées, une coccinelle et un scarabée avec une voiture qui semblait empester 10 fois plus que les autres et pour combler son étonnement, elle crut apercevoir une cigale au volant d'un bolide avec un moteur bien ronronnant. Une petite merveille technologique bleu-ciel qui la croisa en coup de vent. La cigale cru distinguer un ricanement sur le visage du conducteur qui semblait lui être adressé, mais elle secoua ses antennes et son chapeau pour dire à voix haute :
- "Je n'suis pas jalouse, ni parano, ce n'est pas du tout ni mon envie, ni mes principes et je dois sûrement me faire des idées. Entre musiciens, nous sommes tous solidaires, c'est bien connu."
Elle rumina quelques instants sa dernière phrase. Elle savait qu'elle avait fait le choix, depuis bien longtemps d'ailleurs, de faire partie des utopistes, de ceux qui basent leurs réflexions autour des points positifs de toute chose et que,par conséquent, toutes les petites mesquineries et autres conflits de pouvoir auxquels s'adonnaient la plupart de ses contemporains, comme un sport d'entretien physique ou de haut niveau, n'étaient semblables qu'à ces brouillards et ces intempéries d'une planète qui ne remettent nullement en cause la stabilité du système en son entier. Comme notre bonne vieille planète, si douce et si accueillante pour la vie...!?
...

Elle continua à avancer frileusement sur le pavé humide de la ville. La neige, ici, était réduite à longer les caniveaux et à absorber en grande partie la pollution du macadam. Seuls les toits pouvaient se pavaner de beaux manteaux blancs d'hiver. Quelques cheminées éparpillées dans le décor crachotaient paisiblement leurs fumées, prometteuses de doux foyers confortables. Des portes et des fenêtres pour vous accueillir le long des rues emplissaient l'essentiel de son champ de vision. Durant un court instant, en faisant abstraction des quelques voitures qui semblaient égarées, la Cigale se mit à croire que la ville était vide :
- "Mais où sont tous ces gens ??" se demanda-t-elle à mi-voix. Puis elle comprit que c'était l'heure du repas. Elle avala sa salive et se mit à mastiquer un rôti imaginaire. Elle eut envie de frapper à la première porte venue et d'ouvrir son coeur contre un bon repas chaud, mais, finalement, se ravisa. Elle s'était faite moucher par sa voisine qui, elle, la connaissait et connaissait ses occupations. Alors, des étrangers... C'en était trop pour sa fierté.
- "Non" se dit-elle, "il faut que je gagne mon argent pour ne dépendre de personne." Son ventre ne pu tenir d'impatience et lui cria famine en lui rappelant quelques versets de la Bible appris dans sa jeunesse et tenus pour incontournables : "Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; et à qui frappe on vous ouvrira."
La Cigale ne put s'empêcher de rire en penssant que son ventre pouvait avoir des opinions théologiques.
- "Oui mais..." rétorqua la Cigale, il est dit aussi :
- "Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ?"
Un silence s'installa entre la Cigale et son ventre. L'espace parut s'arrêter avec le temps autour d'eux. Attendant une conclusion de leur dilemne.
- "Ha... quelle poisse! ; j'y crois lorsque tout va bien et je doute lorsque rien ne va. Est-ce que je doute de l'existence d'un créateur dans notre univers ?..."
Elle se sentit rougir puis continua :
- "Il est évidemment plus facile de croire en un seigneur protecteur le ventre plein plutôt que le ventre vide."
Elle voulu rajouter quelque chose de plus spirituel et échoua sur un...
- "Non... oui... Je n'sais pas."
Ses épaules parurent lui peser le poids du monde et ses dernières réserves d'énergie toucher à leurs fins.
Une voix surgit de derrière la Cigale :
- "Hé !"
La Cigale prit un peu peur et regarda par-dessus son épaule. Elle vit deux jeunes fourmis, dont l'un d'entre eux s'adressait à elle avec des bières à la main et un aspect légèrement rebelle.
- "Il ne faut pas rester là, monsieur, vous allez attraper froid."
- "Heu... -dit la Cigale quelque peu agacée- je ... réfléchissais."
- "Wouahou... -dit l'autre jeune fourmi- c'est un vrai violon que vous avez là ? Vous n'avez pas peur de l'abîmer sans étui avec ce temps ?"
- "C'est-à-dire que ..." essaya de répondre la cigale.
- "Vous ne voulez pas nous jouer un p'tit morceau ?"
- "Non... -trancha délicatement la Cigale- je... n'ai pas le temps. Je..." puis elle fit mine de s'en aller.
- "C'est dommage... -rétorqua la première fourmi- Vous voulez une bière ou une clope peut-être, histoire de vous motiver ?"
La Cigale resta stupéfaite d'une pareille générosité si spontanée, bien que l'alcool et la cigarette n'étaient pas vraiment ce dont elle avait besoin.
L'idée de cadeau empoisonné se mit à battre ses tempes.
- "Non... merci..." elle parut hésiter encore "j'ai arrêté de fumer il y a queques temps. Ce n'est pas bon pour le souffle vous savez..."
L'un des jeunes fourmis lui tendit une bière en lui disant :
- "Allez, une bière, ça ne peut pas vous faire de mal. Tous les artistes picolent, pas vrai ?"
- "Non... sans façon, en quelque sorte, j'ai de la chance d'avoir toujours eu un estomac fragile et la bière n'est pas ma tasse de thé !"
- "Vous n'êtes pas un artiste alors..."
La Cigale cru voir la pression monter dans son cerveau, ressemblant à une cocotte-minute avec deux mots à l'intérieur : P'tit con !
Un riff de guitare métallique, lourd et tranchant se mit à hanter les tréfonds de ses neurones.
- "Hé bien non... tous les artistes ne boivent pas forcément et ne..."
- "Se sont les nuls -lui coupa la jeune fourmi- ou les trucs ringards ou démodés.
- "Ringards ??..." répéta la Cigale touchée en plein coeur, comme si ce mot avait trouvé une faille où s'introduire.
- "Vous n'êtes que des..." des dizaines et des dizaines de phrases et d'idées se mirent à essayer de prendre place sur la piste de décollage de la bouche de la Cigale, mais les mots se mélangèrent faute de trouver un objectif clair et déterminé.
- "... des jeunes..."
Sa voix fit plus penser au son d'un boulon rouillé que l'on dévisse plutôt qu'à sa voix mélodieuse de ténor. Elle se racla la gorge ; se demanda si elle ne devait pas accepter au moins une gorgée de bière, histoire de retrouver du peps et de prendre une fichue cigarette pour montrer à ses deux freluquets qui était un homme et un artiste. La Cigale se frotta les antennes et ne pu s'empêcher de penser à mi-voix.
- "Mais, qu'est-ce que je raconte... je dis n'importe quoi !"
Les deux jeunes fourmis se dévisagèrent. L'un d'eux fit un geste en désignant la Cigale, signifiant qu'il était complètement timbré puis, sans aucune empathie déclara à son copain :
- "Aller, viens, c'est un fou et un clochard, regarde comment il est habillé. Avec des journaux !"
- "Hé Papy, l'asile de fous, il est par là..." et ils s'éloignèrent en ricanant sur son sort.
A cet instant précis, la Cigale crut avaler un oursin de mer ou un hérisson ou quelque chose dans ce goût là.
Se faire humilier de la sorte par deux blancs-becs sentant encore le petit lait, même s'ils s'allaitaient maintenant à la bière, c'était jouer avec la corde sensible de son alter ego. Elle essaya de chasser le chat aux griffes acérées qui s'était installé dan sa gorge et réussi à sortir un :
- "Des jeunes... des jeunes... "des jeunes vieux chnoques oui... -sur un ton irrité- "avec des idées arrêtées et un espsrit aussi serré qu'un cube, sans aucune curiosité vers d'autres types d'expression. Il sont formatés, conditionnés, emballés et préparés à consommer les produits pré-digérés standards de la musique en boîte."
Elle arrêta son monologue pour méditer sur sa jeunesse.
- "C'est vrai que je n'ai pas tout de suite été ouvert à tous les styles ; j'avais trop de rage, trop de souffrance, trop de..."
Elle s'arrêta de parler pour lâcher un énorme soupir.
- "Je n'ai pas le temps... je n'ai pas de temps... j'aimerais bien pouvoir m'assoir là maintenant, tout de suite, pour m'épancher sur les conflits de générations et sur la valeur artistique comme source d'ouverture à l'humanité mais... il faut que je mange... et la nuit tombe.
Elle regarda le ciel gris glacé et fût surprise de voir un oiseau dans le ciel et parla aux cieux :
- "Dieu des cigales et des autres mondes ; Dieu des univers ou peut-être seulement du notre, aide-moi, je t'en prie."
Elle fit mine d'attendre une réponse, puis s'exclama :
- "Je sais, chaque fois que je te fais une prière tu me réponds : "Aide-toi et le ciel t'aidera". Merci Seigneur, tu es trop bon !"
Elle haussa les épaules et les laissa tomber sur un signe de résignation.
- "Ok -dit-elle- il faut que je revienne à une vieille méthode, il faut que j'appelle le 115."
Une flopée de souvenirs vint l'envahir jusqu'au tréfond de ses tripes. Des images d'une période pour elle révolue, chargées de honte et d'espoir. Elle avait beau appeler le système social de maman Marianne et d'honorer sa fonction de protectrice des plus démunis, ce qui avait la faculté de lui révéler un aspect protecteur de la conscience sociale, elle n'en avait pas moins honte de devoir lui faire appel. C'était pour elle l'équivalent d'un dépôt de bilan. Un constat amer d'échec. S'avouer vaincu dans ses désirs et dans sa capacité à assumer le travail qu'elle s'était donné pour objectif. Elle avait cherché son fonds de commerce dans la providence et le don de soi à la quête spirituelle et musicale. C'était en quelque sorte, pour elle, quitter les chemins de l'indépendance pour ceux de la dépendance à la charité institutionnelle d'un système qu'elle voulait bien défendre, mais surtout, ne pas en faire partie. Elle sentit toute son arrogance s'éfriter dans la désillusion. Elle préférait de loin la solidarité de proximité à celle d'une société organisée et impersonnelle.
- "Je touche le fond et la boîte noire de ma conscience" dit-elle sur un air à faire flétrir une fleur.
- "Il faut que je me ressaisisse avant de sombrer dans un puits trop dur à remonter Je n'en suis pas à mes premiers hivers. J'ai de l'expérience. Je n'ai besoin que d'un peu de repos et d'un bon repas pour me remettre en selle. Ils m'aideront à rebondir."
Sur ce, elle se mit à la recherche d'un téléphone.

mercredi 4 avril 2007

(d'après Souvenirs entomologiques, de Jean-Henri Fabre, 5ème série, chapitre 5)

« La renommée se fait surtout avec des légendes ; le conte a le pas sur l'histoire dans le domaine de l'animal comme dans le domaine de l'homme. L'insecte, en particulier, s'il attire notre attention d'une manière ou de l'autre, a son lot de récits populaires dont le moindre souci est celui de la vérité. Et, par exemple, qui ne connaît, au moins de nom, la Cigale ? Où trouver, dans le monde entomologique, une renommée pareille à la sienne ? Sa réputation de chanteuse passionnée, imprévoyante de l'avenir, a servi de thème à nos premiers exercices de mémoire. En de petits vers, aisément appris, on nous la montre fort dépourvue quand la bise est venue et courant crier famine chez la Fourmi, sa voisine. Mal accueillie, l'emprunteuse reçoit une réponse topique, cause principale du renom de la bête. Avec leur triviale malice, les deux courtes lignes :

Vous chantiez ! j'en suis fort aise. Eh bien, dansez maintenant.

ont plus fait pour la célébrité de l'insecte que ses exploits de virtuosité. Cela pénètre comme un coin dans l'esprit infantile et n'en sort jamais plus…

A qui revient la responsabilité de ces étranges erreurs ? La Fontaine, qui nous charme dans la plupart de ses fables par une exquise finesse d'observation, est ici bien mal inspiré. Il connaît à fond ses premiers sujets, le Renard, le Loup, le Chat, le Bouc, le Corbeau, le Rat, la Belette et tant d'autres, dont il nous raconte les faits et gestes avec une délicieuse précision de détails. Ce sont des personnages du pays, des voisins, des commensaux. Leur vie publique et privée se passe sous ses yeux ; mais la Cigale est une étrangère là où gambade Jeannot Lapin ; La Fontaine ne l'a jamais entendue, ne l'a jamais vue. Pour lui, la célèbre chanteuse est certainement une sauterelle…

Essayons de réhabiliter la chanteuse calomniée par la fable. C'est une importune voisine, je me hâte de le reconnaître. Tous les étés, elle vient s'établir par centaines devant ma porte, attirée qu'elle est par la verdure de deux grands platanes ; et là, du lever au coucher du soleil, elle me martèle de sa rauque symphonie. Avec cet étourdissant concert, la pensée est impossible ; l'idée tournoie, prise de vertige, incapable de se fixer. Si je n'ai pas profité des heures matinales, la journée est perdue…

La vérité rejette comme invention insensée ce que nous dit la fabuliste. Qu'il y ait parfois des relations entre la Cigale et la Fourmi, rien de plus certain ; seulement ces relations sont l'inverse de ce qu'on nous raconte. Elles ne viennent pas de l'initiative de la première, qui n'a jamais besoin du secours d'autrui pour vivre ; elles viennent de la seconde, rapace exploiteuse, accaparant dans ses greniers toute chose comestible. En aucun temps, la Cigale ne va crier famine aux portés des fourmilières, promettant loyalement de rendre intérêt et principal ; tout au contraire, c'est la Fourmi qui, pressée par la disette, implore la chanteuse. Que dis-je, implore ! Emprunter et rendre n'entrent pas dans les moeurs de la pillarde. Elle exploite la Cigale, effrontément la dévalise. Expliquons ce rapt, curieux point d'histoire non encore connu.

En juillet, aux heures étouffantes de l'après-midi, lorsque la plèbe insecte, exténuée de soif, erre cherchant en vain à se désaltérer sur les fleurs fanées, taries, la Cigale se rit de la disette générale. Avec son rostre, fine vrille, elle met en perce une pièce de sa cave inépuisable. Etablie, toujours chantant, sur un rameau d'arbuste, elle fore l'écorce ferme et lisse que gonfle une sève mûrie par le soleil. Le suçoir avant plongé par le trou de bonde, délicieusement elle s'abreuve, immobile, recueillie, tout entière aux charmes du sirop et de la chanson.

Surveillons-la quelque temps. Nous assisterons peut-être à des misères inattendues. De nombreux assoiffés rôdent, en effet ; ils découvrent le puits que trahit un suintement sur la margelle. Ils accourent, d'abord avec quelque réserve, se bornant à lécher la liqueur extravasée. Je vois s'empresser autour de la piqûre melliflue des Guêpes, des Mouches, des Forficules, des Sphex, des Pompiles, des Cétoines, des Fourmis surtout.

Les plus petits, pour se rapprocher de la source, se glissent sous le ventre de la Cigale, qui, débonnaire, se hausse sur les pattes et laisse passage libre aux importuns ; les plus grands, trépignant d'impatience, cueillent vite une lippée, se retirent, vont faire un tour sur les rameaux voisins, puis reviennent, plus entreprenants. Les convoitises s'exacerbent ; les réservés de tantôt deviennent turbulents agresseurs, disposés à chasser de la source le puisatier qui l'a fait jaillir.

En ce coup de bandits, les plus opiniâtres sont les Fourmis. J'en ai vu mordiller la Cigale au bout des pattes ; j'en ai surpris lui tirant le bout de l'aile, lui grimpant sur le dos, lui chatouillant l'antenne. Une audacieuse s'est permis, sous mes yeux, de lui saisit le suçoir, s'efforçant de l'extraire.

Ainsi tracassé par ces nains et à bout de patience, le géant finit par abandonner le puits. Il fuit en lançant aux détrousseurs un jet de son urine. Qu'importe à la Fourmi cette expression de souverain mépris ! Son but est atteint. La voilà maîtresse de la source, trop tôt tarie quand ne fonctionne plus la pompe qui la faisait sourdre. C'est peu, mais c'est exquis. Autant de gagné pour attendre nouvelle lampée, acquise de la même manière dès que l'occasion s'en présentera.

On le voit : la réalité intervertit à fond les rôles imaginés par la fable. Le quémandeur sans délicatesse, ne reculant pas devant le rapt, c'est la Fourmi ; l'artisan industrieux, partageant volontiers avec qui souffre, c'est la Cigale. Encore un détail, et l'inversion des rôles s'accusera davantage. Après cinq à six semaines de liesse, long espace de temps, la chanteuse tombe du haut de l'arbre, épuisé par la vie. Le soleil dessèche, les pieds des passants écrasent le cadavre. Forban toujours en quête de butin, la Fourmi le rencontre. Elle dépèce la riche pièce, la dissèque, la cisaille, la réduit en miettes, qui vont grossir son amas de provisions. Il n'est pas rare de voir la Cigale agonisante, dont l'aile frémit encore dans la poussière, tiraillée, écartelée par une escouade d'équarrisseurs. Elle en est toute noire. Après ce trait de cannibalisme, la preuve est faite des vraies relations entre les deux insectes. »

mardi 3 avril 2007

La Cigale... et après...3


La faim dans le ventre, la Cigale décida d'aller en ville et laisser son champ d'inspiration pour aller vendre son savoir-faire.
- "Je n'aime pas ce mot : vendre" se dit-elle dans une mélopée languissante.
- "Je n'ai rien contre le commerce et l'argent, après tout, l'argent n'est qu'un outil comme les autres, il suffit de bien l'utiliser, pour faire grandir tous les travailleurs de bonne foi... Oui mais... Oui mais... Oui mais voilà, c'est bien là tout le problème, c'est qu'il y a toujours un mais"
Son ventre lui rappela quelques priorités dans l'existence en gloussant quelque peu d'impatience
- "Ha !... Tu m'énerves toi aussi" s'écria-t-elle contre son ventre
- "Comment est-ce que je peux bien réfléchir avec le ventre vide et mes pauvres membres en coton... et voilà que je parle toute seule maintenant."
Son ventre ne répondit pas et garda un silence lourd de signification mais avec le respect solidaire du binôme embarqué dans la même galère.
Elle se rappela sa jeunesse où elle disait fièrement à qui voulait bien l'entendre :
"La faim stimule les neurones et la pousse à trouver des solutions...
Choses que les ventres pleins ne savent faire."
Ses antennes se rabattirent sur les rebords de son chapeau comme les oreilles d'un chien blasé par son destin.
- "J'en ai maaaarre, ouh que j'en ai maaaarre" sanglota-t-elle dans un style oriental, à la fois pour se plaindre et se réchauffer.
- "Voilà que tout ça me force à réfléchir alors que ce n'est vraiment pas le moment..."
La Cigale s'arrêta de marcher, fronça les sourcils, fit une grimace de chien en colère.
- "Hé toi, mon cerveau, tu ne peux pas me lâcher un peu aussi ?
Tu m'emmènes dans des paradoxes qui ne valent pas un sou entre mon cerveau et mon ventre, pour savoir qui commande et qui travaille le mieux...
Mettez-vous d'accord et lâchez-moi les baskes une fois pour toute! Sinon, je vous préviens, on est foutu tous les trois. N'oubliez pas que l'on a besoin de toute notre énergie pour jouer sur le marché, et au cas où vous l'auriez oublié, il y a encore une trotte à faire."
Une fois son discours balancé comme ça à tue-tête et croyant avoir trouvé tous les arguments pour moucher ses deux collocataires, son visage se figea de stupeur en se remémorrant un petit détail qu'elle chuchota sans l'ombre d'une mélodie.
- "Des... paradoxes... qui... ne... me valent... pas un sou..."
...
- "Voilà que je parle comme la Fourmi maintenant !..."
Ses antennes qui avaient repris de la vigueur se ramolirent instantanément. Elle sentit des millions de fourmis lui envahir la cervelle, travaillant sans relâche dans des échanges d'informations et de différentes gestions de son organisme. Avec leurs moeurs si variées et leurs vies en société, avec leurs ouvrières, leur bétail, leurs esclaves, leurs autoroutes et leurs couloirs interminables qui vous donnent des cauchemars, tout à fait kafkaïen, leurs colonies, leurs réseaux aériens, leurs femelles et leurs nuits de noces, leurs langages et leurs nids, leurs habitations, leurs enfants à élever, leurs animaux domestiques et leur travail de concert pour arriver à un but déterminé. Mais aussi leurs soldats et leurs guerres jusqu'à asservir d'autres populations sous leur joug.
Jusqu'à ce qu'une énorme explosion vienne envahir tous les champs de ses pensées.
- "Assez !..." cria la Cigale
- "Laissez-moi tranquille..."
Son cri lui revint en écho par les collines avoisinantes jusqu'à ce que le doux murmure de la forêt et de l'hiver reprenne sa routine. Elle resta ainsi suspendue à ce silence, savourant à nouveau une certaine tranquilité de l'esprit. Elle ses racla la gorge pour improviser un chant et puis se ravisa. Ce n'était vraiment pas le moment de s'oublier en chantant des hymnes à la nature et aux vertus du silence. Après tout, comment honorer le silence que par un silence...
- "Mouais..." et elle se mit à fredonner malgré elle cette chanson de Simon and Garfunkel.
- "Because it's the sound... of silence..."
...
- "Ha non ! Je ne vais pas remettre ça à nouveau. Silence. Pas silence. En route. J'ai du travail qui m'attend, et le ventre vide de surcroît."
Elle reprit son baluchon laissé au sol le temps de ses intempéries psychologiques, contenant ses maigres affaires, son flûtiau et ses stylos, son livre rencontré sous la neige : Le contrat social, de Rousseau, plus le Discours sur l'inégalité des hommes. Elle attrapa son violon sans archet dans son autre main et se remit en route.
- "Et voilà que mes épaules me font souffrir et que j'en ai plein le dos de répéter et voilà à tout va. Comme si je ne savais que faire que de tristes constatations dans ma vie."
- "Basta !..."
La Cigale posa son attirail sur un rocher qui faisait figure de grosse pierre sur le chemin. Elle s'étira un peu et se détendit les épaules, parut repartir dans une méditation profonde en donnant à chaque main l'attitude d'un plateau de balance.
- "Ce que c'est lourd la culture" se dit-elle ou dit-elle à son sac, sur un ton parfaitement ironique. Elle se décrispa encore un peu en essayant de se masser le dos et ses ailes endolories.
- "Il va falloir que je fasse du lest ou je n'y arriverai pas."
Cette idée la tourmenta à nouveau. Elle avait même pu oublier le froid quelques instants mais celui-ci était bien coriace et sa prédilection va tout spécialement vers les proies affaiblies. Pour oublier le froid, elle se remit à se parler à voix haute sans complexe.
- "Je ne peux pas abandonner mon violon tout de même..."
Elle prit son baluchon dans la main, le soupesa et le regarda sous toutes ses coutures. Ouvrit ce qui lui semblait paraître une corne d'abondance et prit le gros livre encore un peu humide de Rousseau. Elle s'adressa franchement à son cher trésor.
- "Il va falloir que je te laisse par ici. J'en suis tellement désolée, mais tu es décidement trop lourd pour moi."
Elle regarda encore un peu autour d'elle, en espérant trouver quelqu'un à qui le donner puis elle reprit :
- "J'aurais tellement aimé te comprendre en entier et t'apprivoiser... ou bien est-ce les livres qui nous apprivoisent ?... Ha, mon cher ami, nos chemins vont devoir se séparer et c'est avec un grand regret que je te quitte. Toi tu ne souffres pas autant que moi des affres du vivant. Tu sembles avoir acquis une certaine éternité et tu dois avoir des semblables à toi-même qui véhiculent ton savoir, tes défauts et tes espérances, pour que les générations futures s'abreuvent de ton expérience. Mais moi qui suis-je ? Je n'ai fait que jouer de mes instruments contre vents et marées qui se sont acharnés sur moi. Je ne cherchais qu'à apprendre et trouver le meilleur de moi-mêmen pour pouvoir briller comme une étoile dans les déserts de cette existence. Mais c'est à croire que la nature me fait payer cette arrogance. Bien sûr que j'ai joué pour les étoiles, les arbres et mon voisin de palier, mais qui se souviendra de moi? L'eau à sa mémoire et les plantes également. Je peux même entrevoir que l'univers... se souvient de tout un chacun. Mais je sais maintenant que je suis un piètre Saint François qui aimait chanter sa vie de foi à tous les animaux et toutes les plantes que l'on voit, tout en confiant son sort aux seuls chemins de la providence.
J'y ai goûté à cette richesse du hasard, qui m'a conduit d'Assise jusqu'à la Prophétie des Andes.
La Cigale s'arrêta un peu pour reprendre ses esprits et ne pas s'embaler.
- "A mon corps défendant, j'avance que je suis tombée malade ; des rhumatismes m'ont tourmenté depuis mon tout jeune âge et ma famille, pour plus étrange que cela puisse parâitre... étaient des Fourmis."
Il y eut un moment d'absence dans son univers, comme un grain de poussière dans un engrenage bien huilé. Peut-être une boîte à Pandore qui ne devrait jamais être ouverte, contenant tous les fantômes du passé et d'un avenir cahotique. Elle caressa d'une main frileuse son ami de fortune et revint sur le tranchant de ses idées.
- "J'ai pourtant lutté pour mes rêves, oubliant le cycle des dimanches et des jours de fête, j'ai pour ainsi dire ramé à contre culture pour conquérir ma liberté. Jamais je ne me suis plaint de mon sort plus d'une journée. J'ai longtemps fredonné en mon coeur "Ma Liberté" de Moustaki. J'ai eu mes heures de gloire et mes moments de répit."
Elle secoua ses antennes comme pour revenir à la réalité.
- "Mais je n'peux pas m'étaler devant toi en cette heure si sombre, il me faudrait tout un livre, qui t'égalerait sûrement en poids et en ombres. Les livres restent et les voix s'envolent."
La Cigale déposa son compagnon de voyage sur l'énorme pierre, avec l'élégance d'un geste solennel de qui va poser la première pierre d'une cathédrale, essuya une larme naissante et lui tourna le dos sans se faire attendre, en prenant le reste de ses affaires, puis elle s'écria tout en prenant le large :
- "Mais je garde encore sur moi Ton Discours... Rousseau... tu m'entends ?" cria-t-elle de plus en plus fort, tout en s'éloignant.
- "Et j'éviterai de tomber le nez dans le ruisseau." puis elle disparu vers la ville.
Mais ma foi se butte sur mes désirs et mes besoins de tout expliquer.

jeudi 29 mars 2007

mardi 20 mars 2007

La Cigale 2


La tête enfoncée dans les épaules,
un silence pour compagnie,
La Cigale se mit en marche
pour trouver un abri
de fortune
avant de finir
en statue de glace
et devenir
un martyre éphémère
au coeur de Nature.
Elle se mit à imaginer un éventuel "spectacteur" qui la trouverait sur son chemin et contemplerait ce spectacle si affreux. Quelle position devrait-elle prendre pour ne pas choquer d'éventuelles âmes sensibles ou trop jeunes. Devrait-elle se recroqueviller dans la position du foetus pour souligner le retour de tout être vivant dans la matrice originelle, ou bien rester debout dans une attitude de révolte avec, par exemple, un poing levé vers le ciel et les cheveux au vent ?
- "Oui des cheveux longs et légers...
comme la continuité de mon indépendance
et d'un pied de nez aux lourdeurs
d'une nature trop rigide..."
Ce serait bien ...!"
Cette idée lui donna un léger sourire, avec des accents d'une certaine jovialité, toujours aussi présente en son for intérieur.
Comme une bouée de sauvetage au milieu d'un naufrage
dans les eaux de la fatalité
ou une source d'eau fraîche,
dans les déserts de l'incompréhension...
Le côté aux intonations surréalistes et symboliques de ses pensées lui redoubla cette vague de fraîcheur venue d'un optimisme inné. Ce qui l'amena à une franche rigolade en revisitant ses idées quelque peu loufoques.
Ou peut-être pas...
Néanmoins, son rire emplit son espace environnant et donna à la nature un air joyeux.
- "Je serai une authentique statue vivante" improvisa-t-elle "heu non... une nature morte... ou un symbole vivant..."
Elle se mit à virevolter et à faire danser ses mains dans le vide, leur donnant la forme de quelques vagues.
-"Ah..." souffla-t-elle "Il faut que je garde ces idées pour plus tard" et elle s'arrêta de valser pour se figer en béatitude tout en contemplation devant l'univers heureux.
Elle ne put s'empêcher de frissonner en ressentant une brise glaciale lui chatouiller les os. Ce qui la sortit d'une relative torpeur introspective pour regarder le vol plané d'une énorme page de livre venir se poser à ses pieds. Elle se baissa pour la ramasser, ce qui lui arracha un petit cri pour cause articulaire, et contempla cet oiseau bien étrange. Le vent reprit de son ouvrage pour faire battre à nouveau les ailes de cet oiseau improvisé et le fit virevolter autour de se tête, pour se poser presque délicatement sur les épaules de La Cigale. Elle prit cet oiseau farceur à deux mains et y lu le titre et l'auteur : "Le Contrat Social de Jean-Jacques ROUSSEAU". Elle haussa les épaules et profita de cette aubaine pour s'envelopper avec la page pour se réchauffer et s'abriter un peu du vent.
-"Je n'ai peut-être pas tant de malchance que ça !" se consola-t-elle en improvisant un col monté autour de son cou avec son manteau de fortune.
"Le Contrat..." lui revint en écho sur le champ de ses pensées.
Après une larme de silence dans son chant mental, elle se remit à parler/chanter à voix haute.
- "Un contrat social entre tous les habitants de notre planète. Qu'ils soient cigales ou fourmis, mouches ou roseaux, chênes ou ânes, chiens ou mygales, voilà ce qu'il nous faut. Un contrat qui indique nos droits et nos devoirs..." sa voix se fit en crescendo "... et qui éliminerrait toutes les injustices de ce monde entre les plus faibles et les plus forts". Sa voix s'emporta dans un chant aux teintes métalleuses et sauvages, tout en restant chargée d'espoir.
-"Un contrat qui définira le bon sens et la valeur du travail de l'esprit et de celui du ventre pour que quiconque sache ce qu'il apporte à la société et que les fourmis sachent enfin ce que c'est que le travail des fabricants de rêves et des affres de la création."
Tout en marchant à contre vent, elle trébucha sur un pavé, en pleine nature, caché sous la neige. Elle se prit d'un accès de rage contre ce fauteur de troubles aux aguets des pauvres pieds innocents, pour le pulvériser de toute sa voix. Elle fit appel à tous les cris de la nature qui implorent le secours devant les plus grands dangers, pour les muer en haches de haine pour détruire cet intrus dans sa réflexion purement humaniste.
Mais elle fut stoppée net dans son élan en voyant qu'en fait de pavé, ce n'était qu'un livre.
Son escalade de violence tomba aux oubliettes en un rien, laissant notre Cigale guerrière haletante devant ce coupable, somme toute, innocent.
-"Eh bé, qu'est-ce que tu fais là mon pauvre vieux ?" demanda-t-elle au livre, "toi aussi on t'a abandonné ?"
Quelle ne fut pas sa surprise en constatant que c'était justement le livre auquel une page fut arrachée et qui vint lui servir de manteau improvisé. Le Contrat Social. Le livre en son entier, plus le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.
-"Quelle joie !" s'écria-t-elle "... et quel malheur de te trouver ainsi sur mon chemin."
Sa fougue passée, elle eut le temps de constater tout en feuilletant les pages humides de son trésor, que sa montée d'adrénaline et de colère lui avait apporté un certain gain d'énergie et de courage. Elle sentit ce fluide se dissoudre de l'intérieur dans tous ses membres réfrigérés. Elle continua à parcourir les pages au hasard et lu par ci par là quelques bribes de phrases :
Si c'était ici le lieu d'entrer en détails, j'expliquerais facilement comment l'inégalité de crédit et d'autorité devient inévitable entre les particuliers sitô que réunis en une même société ils sont forcés de se comparer entre eux et de tenir compte des différences qu'ils trouvent dans l'usage continuel qu'ils ont à faire les uns des autres.

-"Inévitable" s'écria-t-elle, et ce mot se mit à lui marteler l'esprit. Elle se mit à tourner les pages quelque peu nerveusement et à lire de-ci de-là des phrases au hasard, espérant trouver un bon filon qui lui parle directement. Des mots des sous-titres se détachèrent de cet amas ; Politique, République, Droit naturel, Souveraineté. Elle soupira en relevant la tête et s'exclama presque à contre coeur.
-"Je suis bien loin de mes gammes et de mes études. J'étais si bien si seul dans mon élément. J'ai l'impression d'avoir besoin de toute une vie pour assimiler tout ce qui est écrit là dedans. Il y a des phrases que je ne comprends qu'à moitié et d'autres pas du tout et..." frissonnant à nouveau "...ça ne va pas me donner à manger dans l'immédiat, là, tout de suite." Un désespoir la prit au ventre qui lui arracha un long gémissement aigu aux allures de castra. Un blues lui emplit l'esprit, transformant son râle aigu en pentatoniques aux accents électriques.
Elle s'aperçut du fond des ses tempêtes de l'esprit qu'un journal entier se débattait aux vents, accroché aux branches d'un peuplier comme un étendard faisant fit du vent.
Elle se démêla un peu pour décrocher ce curieux drapeau.
-"Mais c'est pas possible !" dit-elle en secouant un peu le journal, "...ils vont polluer toute la forêt avec leurs journaux !?" Elle regarda le nom du journal en haut de page : "RESISTANCES Le Journal du refus de la misère", et en plus petit : n°3 - Journal gratuit édité par ATD Quart monde 17 octobre 2006 . Ne peut être vendu. Et en gros titre :"CONTRE L'EXCLUSION - JUSTICE ET FRATERNITE". Elle lut le tout début :
Jérome a connu la faim, les logements insalubres, les menaces de placement de ses enfants. Aujourd'hui, il soutient des familles pour leur permettre d'accéder au logement. En lisant ce passage, son sang ne fit qu'un tour.
-"Que vont devenir mes enfants ? Mes petits cigaloux et ma Dame Cigale ?" Ils commencent à peine à frétiller leurs chansonnettes que leur avenir est déja compromis." Une larme pointa son nez dans le creux de l'oeil pour se voir aussitôt refoulée.
-"Bon !... Reprenons nos esprits... Ce n'est pas le moment de flancher." Une petite citation en milieu de page accrocha son ragard :
LA RESISTANCE NAIT DE L'INACCEPTABLE et puis, juste à côté dans la continuité du texte :
... refuser la misère et établir une société des droits de l'homme reste un projet urgent et moderne.
Une question en apparence hors sujet surgit comme ça, comme venant de nulle part.
-"Octobre 2006 ? Encore ces indications étranges..." Pourtant je connais les chiffres. Donc je peux conclure que 2006 se trouve après 1668. Mais Octobre ça représente quoi ? Si seulement je pouvais avoir un dictionnaire à portée de main !"
Elle haussa les épaules, prit les deux livres, les fourra dans son baluchon et se fit un chapeau avec le journal en faisant deux petits trous pour laisser passer ses antennes.
-"Je verrai ça plus tard.", puis elle reprit son chemin en méditant à nouveau et de ce silence lui arriva une évidence:
-"Cette nouille prétentieuse n'a eu aucune pitié envers moi !" En disant ça, elle se souvint d'un passage du Discours :
-"En effet , qu'est-ce que la générosité, la clémence, l'humanité, sinon la pitié appliquée aux faibles, aux coupables ou à l'espèce en général ? La bienveillance et l'amitié même sont des productions d'une pitié constante, fixée sur un objet particulier, car désirer que quelqu'un ne souffre point, qu'est-ce autre chose que désirer qu'il soit heureux ?"
-"Quand je pense que je n'ai jamais voulu que l'on ai pitié de moi." Et elle se mit à jazzer un refrain :
Les mots des maux
Les maux des mots
Des mots démodés

mercredi 14 mars 2007




Qu'adviendrait-il si, un jour, la science, le sens du beau et celui du bien se fondaient en un concert harmonieux ? Qu'arriverait-il si cette synthèse devenant un merveilleux instrument de travail, une nouvelle algèbre, une chimie spirituelle qui permettrait de combiner, par exemple, des lois astronomiques avec une phrase de Bach et un verset de la Bible, pour en déduire de nouvelles notions qui serviraient à leur tour de tremplin à d'autres opérations de l'esprit ? (H. Hess)

Mother Gaïa


Photorécit1. La Terre, Jal.wp3
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GISTI - Des papiers pour circuler...

GISTI - Des papiers pour circuler...

mardi 13 mars 2007

vendredi 9 mars 2007

La cigale.... et après... 1


La mort dans l'âme, la cigale s'en fût entre les morsures de la faim et de l'hiver. Elle sentit tout ses membres s'engourdir petit à petit sous le poids de sa défaite et de son dernier espoir, coulé par l'avidité et l'égoïsme de sa voisine, la fourmi. Elle entonna une réflexion lugubre et chargée de désespoir en contemplant son compagnon de tous les jours, son violon. Elle lui demanda de lui pardonner sa faiblesse et de ne plus être à la hauteur d'une telle amitié si exigeante. Les violons ont besoin d'affection mais aussi de travail et de rigueur. Ils ne vous sont fidèles que si vous leur consacrez du temps et votre âme. Bref ! Si vous faiblissez un beau jour, ils vous méprisent de fausses notes et de timbres grinçants, et au mieux ou au pire c'est selon, à entendre. Elle se mit soudain à sangloter dans son esprit froissé. L'ombre d'un cauchemar lui fit entrevoir un destin tragique, avec, il faut le dire, sa part d'ironie; Les violons tout comme les fourmis... se ressemblent; Si vous devenez malade ou fatigué, indigent ou mal lunés, ils vous assènent de leur logique froide et raide en pleine tête, comme un chêne qui se moquerait du roseau, et se font passer pour les détenteurs d'une sagesse sans failles, avec des allures de stoïcisme devant l'abominable. En contemplant le paysage enneigé autour d'elle, avec se qui lui restait d'un oeil de poète, elle eut comme une illumination fugace, comme un flash dans vos rétines. Elle se sentit tout comprendre et tout accepter; Que la nature elle même ne se revêt pas toujours des douces prairies verdoyantes et fleuries et de ses promesses de paradis. L'hiver étant nécessaire à l'équilibre de la vie , elle, cigale, n'est que la goutte d'eau dans un monde en constante métamorphose. La lumière du jour déclina depuis l'horizon, se répendant sur le manteau blanc de la terre; La végétation pris des reflets jusque là encore inconnus. Les ombres sous la lumière déclinante prennent de l'importance et sont prêtes à engloutir tout autre couleur que les leurs. Les formes se déforment et vous percutent dans les profondeurs de l'esprit; un rocher deviens un cauchemar, une feuille un trou noir rectangulaire ou oblong sur l'infini. Un vide se forma dans la musique de son âme et de là surgit un cri; "Pourquoi ?"s'entendit-elle crier dans sa tête et dans ses chairs; "Pourquoi ?" Comme un son sans début ni sans fin. Accaparant tout l'espace de l'harmonie environnante. "Suis-je donc maudite ? L'amour et l'alegresse n'étaient-ils que des leurres pour soulager les prétendus détenteurs de la réalité ?! N'y a t-il donc pas un dieu des cigales ?" Cette réflexion la jeta sur un rire auto-dérisoire à cheval entre le lugubre et la sagesse foudroyante. "Mais dieu ne s'occupe pas que des cigales", s'entendit-elle rajouter bien malgré elle. Dans ce soubresaut de l'âme, entraînant La Cigale dans une caricature d'elle même et longeant les murs bien peu épais entre la raison et la folie, elle trébucha sur une pierre cachée par la neige et s'affala bien sur le duvet mortel de l'hiver et se fracassa le nez dans un ruisseau glacé par le temps. D'un oeil hagard, elle se mit à se relever et à regarder autour d'elle les arbres lui sourire d'une expression moqueuse et indocile. L'un d'eux prit la forme d'un violon et se mit à lui dire; "Je te l'avais bien dit, le temps de tes beaux jours. Fais de la musique qui plaise aux hautes sphères de la société et pour ceux qui donnent de l'argent pour ça. Des mélodies façiles et déja connus. Plus simples à retenir et à évoquer des souvenirs. Même chez les fourmis." La Cigale regarda cette apparition de deux gros yeux humides et hébétés; "Mais", répondit-elle en staccato, "Je... voulais... t'honnorer dans ta complexité. Rechercher la perfexion de l'improvisation pure si semblable à la nature, qui bien qu'elle semble se répeter, ne refait jamais deux feuilles d'arbre se ressembler" . "Tu y avais pourtant pensé" lui rétorqua le violon aux allures de fantôme, "n'oublie pas que je sais tout de toi...". "Mais ... tu... n'es pas..." La Cigale s'arrêta brusquement dans sa réponse pour voir la tête du violon prendre le forme de sa voisine La Fourmi. Elle secoua ses antennes et se frottât les yeux et se mit à crier contre cette chimère. "Tu n'es pas réel. Tu n'es que le fruit de mon imagination déclinante par la faim et le froid. Je te tuerai et t'enfermerai dans ton étui jusqu'à ce que tu me supplies de t'ouvrir". Étourdie par ses propres raisonnements, La Cigale se laissa aller au sol pour reprendre ses esprits. Elle trouva curieux de ne plus sentir les brûlures du froid quelques instants et contempla les millions de flocons en forme d'étoiles effaçant peu à peu les dernières traces de pas sur le manteau neigeux. Le vent glacial lui chanta ses mélodies légères et tranchantes de la justice de mère nature, dans un tourbillon auréolé de quelques feuilles mortes. Dans ce petit groupe aux allures joyeuses d'un vol de fées sur les vagues du vent, la page d'un vieux livre se détacha de cet escadron et vint assommer La Cigale de pleine face, en prenant les contours de son visage. Elle se débattit contre ce masque et tout à son oeuvre, elle en aperçut le titre: La cigale et la fourmi de Jean de La Fontaine . "Ça alors" se dit elle en oubliant quelque peu la tyrannie du froid. " Quel coïncidence...". Elle regarda de plus près cet étrange papier et y vit en petits caractères en bas de page: Édition de 1668 . "Tiens" continua t-elle éberluée à méditer, "je ne connaissais pas cet éditeur. Quel drôle d'idée de prendre un chiffre pour nom, et puis; qui est se La Fontaine ?!...". Elle flotta quelques instants dans ses pensées entre ciel et terre, oubliant tout à fait l'opéra tragique de l'hiver. Vous pouvez oublier le froid, mais lui, ne vous oublie pas. Et c'est d'un frisson de tout son corps et âme qu'elle revint à la réalité. Elle ressentit les morsures du froid doublées d'intensité comme des millions de fourmis vous pénétrant par les pores de la peau et qui s'exciteraient avec je ne sais quelle odeur alléchante. Elle entendit à nouveau le chant de son ventre lui criant famine et tous ses muscles se plaindre de telles conditions. Une chanson d'espoir lui surgit du fin fond de son être, apportant une sorte de réconfort subliminal à tous ses membres endoloris. "Résiste..." lui disait cette voix; "résiste et marche..." et elle s'atténua dans un écho caverneux au son de "arche... arche...". "Mon archet !" s'écria La Cigale; "j'ai oublié mon archet à côté de chez La Fourmi.... Comment vais je pouvoir jouer? Et c'est l'heure de mes gammes !" s'entendit elle dire légèrement hors d'à-propos. "Cela fait des jours et des jours que je ne peux plus correctement faire mes saintes gammes quotidiennes depuis que j'ai mes doigts completement gelés. Comment vais-je pouvoir bien jouer à présent", continua t-elle à parler/chanter gravement en secouant du doigt vers un interlocuteur imaginaire, comme prenant tout son environnement à témoin. "Mais... cela n'a aucun sens.Je suis en train de mourir et je ne pense qu'a mes exercices""C'est vraix que je ne suis pas entièrement accordé aux réalités de se monde". Elle posa a nouveau un oeil sur la vieille page illustré restée dans sa main; "Je crois rêver " se mit elle en réflexion andante, puis elle se mit à lire : La cigale ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue, quand la bise fut ...>> elle leva la tête aux cieux et interrogea l'univers d'un profond soupir; "Est-ce que les dieux se jouent de moi? Je... ne..." Mais la page lui fut arraché des mains par une bourrasque de vent siffleur. Elle essaya de la rattraper, mais en vain et elle ne put que voir s'éloigner cette voyageuse, tourbillonnant au gré des vents et d'un sifflement capricioso.

vendredi 2 mars 2007

Le voyage... prélude à La Cigale







Qui suis-je ? Voilà le début de mon voyage, destination : la connaissance de soi et du monde qui m'entoure. Ce train là peut partir n'importe quand, n'importe où, il suffit de le vouloir. C'est un train multidimensionnel, il peut voyager où l'esprit le porte et l'emmène, car entre soi et le monde, l'imaginaire et la réalité, ce train navigue en quête d'équilibre et... de découvertes. Ce train ancré dans le présent, peut briser les rails du temps et fuir vers le passé ou l'avenir, il peut les conjuguer à toutes les sauces, tournant inlassablement autour de l'axe du réel, s'il ne veut pas perdre les pédales et dans son paroxysme schizophrénique, sortir de notre dimension. La réalité nous aspire malgré nos peurs, nos savoirs approximatifs, nos connaissances temporaires, nos préjugés prétentieux, névrosés, apeurés ou que sais-je encore. Ce train peut partir indéfiniment de la même station tout en partant de n'importe où, ou bien faire le tour du monde sans jamais bouger d'un pouce. Il est difficile de le suivre si l'on ne connaît pas ses objectifs profonds, et comme lui-même, en tant que train doué d'intelligence, de raison et de foi n'est pas pleinement conscient de ce qui l'anime et de ses objectifs ultimes... L'univers est un jeu. Un jeu sérieux car il peut faire très mal. Un jeu merveilleux car sa magie est partout. Pourquoi toutes ces histoires de train ? Je me présente : c'est le début de mon voyage et mes amis me nomment Titi, je suis à cheval entre un artiste et un vagabond, un créateur ou un survivant. J'aime aussi bien ce monde que je le déteste. Là où l'artiste veut gagner sa vie de son art et du travail qu'il fournit échangeant son aliment de l'esprit contre celui du ventre, le mendiant ne réclame que son droit d'exister; "donnez-moi un sou pour vivre madame, je suis un être qui ne demande qu'à exister et les coups du sort m'ont amené à faire le choix entre voler ou... demander. "Je suis ma propre oeuvre d'art et je vends de mon humilité et mon rapport au monde." aimerais-je dire aux passants sur les trottoirs, si seulement ils m'en donnaient la chance et la possibilité. Ou peut être n'est-ce qu'une question de temps... Soyez néanmoins sûr d'une chose. Je n'suis pas réel. Ma consistance se dissout dans mes pensées ou mes bons vouloirs. Je suis constamment tiraillé entre toutes mes réalités mentales et vous même, ne savez pas qui je suis. La preuve, pour vous nobles passants, mais également chers amis, je n'suis pas réellement défini dans vos étiquetages du monde. pour un tel je suis un voyou, pour un autre un artiste, un musicien, un jongleur, pour une autre je peux être un troubadour, un sdf, un philosophe ou un fou, un illuminé ou un extraterrestre, ou tout simplement un profiteur de la société... Les Autres ne peuvent me saisir pleinement, ce qui me laisse méditatif sur ma capacité à vous percevoir tel que vous êtes, chacun d'entre vous séparés de la masse. Mais à ce propos, quel visage donneriez vous à notre masse humaine ? Comment l'habilleriez vous etc, etc...? Enfin bref.... la seule réalité que je peux exprimer est encore plus mince que celle que je perçois. Mais... mais... ne faut-t-il pas s'exercer pour ce quoi l'on est doué, comme un devoir envers la magie de notre existence ?! Je vous préviens, si l'on me demande si je suis fou, je vous l'affirme aussitôt, avec un sourire de malice et d'incertitude, de prétention amoureuse des paradoxes et d'intelligence inavouée. Alors, qui suis-je ? Je ne le sais toujours pas, et c'est bien la raison de mon voyage. Je suis ainsi comme tout le monde, unique en son genre et mes raisons me sont propres et en constantes mutations, la douleur est ma compagne de voyage, bien trop imposante pour que je puisse l'oublier. ... Je viens de comprendre l'une de mes destinations: LE BONHEUR .... Origine ? La souffrance... Destination ? L'épanouissement de mon être heureux. Y a t-il un terminus? Je suis voyageur dans l'infini, et c'est encore une question à laquelle je ne peux y répondre. ----------------------------.Mon train arrive en gare, il me faut changer de ... voi( ).

mardi 6 février 2007

Démocratie
Le pouvoir pour les poux de manger les lions
Clemenceau

lundi 5 février 2007

La Cigale...Début de carrière Pré-Prélude...

Madame la Fourmi m'a fichu à la porte, et vous savez ce que je suis devenue depuis ? Vous pensez que je suis devenue une star de la danse ou peut être une marathonneuse aguerrie? Cela semble bien évident, après tout, ça semble logique...Danser, ça réchauffe! Seulement c'est sans compter avec les limites physiques de certains.
Et en particulier, de ma nature sensible et enclin à la douceur de vivre.
Bien plus qu'une simple paresse, c'est une authentique philosophie de vivre et d'action pour la justement dite : douceur de vivre. Et moi, Cigale, ne revendique que le doux travail du coeur et de sa nature profonde. C'est bien ce que chacun cherche ? Pouvoir faire ce pourquoi sa nature est faite et ainsi créer à l'image d'un créateur. Après tout, il n'y a pas plus de mérite à produire des chansons que de produire du bon pain. Une chanson sans pain a autant de valeur qu'un pain sans chanson... Alors autant dire que cette salope de fourmi m'a touché en plein coeur et m'a poussé dans le clan des exclus. Puisqu'elle n'aime pas le partage, et que dans le fond, ça fait des milliers d'années qu'elle a pris le pouvoir; ce fut elle qui inventa la propriété et ses marginalisations. Bref... je suis devenue SDF!. J'ai connu le froid et la faim, la maladie et le sentiment de se sentir inutile. J'ai essuyè les sarcasmes des autres fourmis me reprochant ma paresse et mon inutilité, et leurs conseils de recyclage professionnel. Elles ne manquent pas de toupet, ses ... elles qui polluent cette planète sans aucun complexe, elles se permettent d'utiliser ce terme de Re-cycl-age! Et pour combler mon désespoir, il y a des cigales vendues à la cause des fourmis . .. Elles ont appris à chanter l'individualisme et le goût du fric, les paradis fiscaux et les piscines gavées de champagne alors que des millions d'êtres crèvent la dalle. Bon, pour la piscine j'exagère peut-être un peu, mais quand même! Et que dire du dopage des cigales ??? Hein ?... Beaucoup d'entre elles ont le nez dans la farine et on en fait des semis- dieux. Bien sûr elles ont créé des oeuvres gigantesques, mais n'était-ce pas l'expression d'un certain désespoir de notre réalité? OUI j'aime le rock et le Métal, mais n'est-ce pas la voix de mon état dénaturé ? L'expression de ma haine envers l'injustice a fini par ronger ma fibre romantique... Et ne me parlez pas de néo-romantisme... et puis... de toute façon, c'est à croire que le romantisme pur n'a jamais vraiment existé... Bon.. sur ce... je crois qu'il vaut mieux que j'aille me coucher avant que je bouffe cette souris et que j'm'empale l'écran. Ha! L'amour me rend nerveuse et malade, et c'est ainsi que je me suis mise à la philo... et le premier que j'entends dire que philosopher est synonyme de relativiser, je lui conseille un voyage à Paradoxeland. Mais bon! 2mains est un autre jour! Et en plus, ce soir je sais où dormir, alors.... BizBizBizbizbiz même si ça caille!

Anouilh : La Cigale (Fables)

Anouilh : La Cigale (Fables)

Fables à Lacon

Fables à Lacon

La Cigale et la Fourmi

La Cigale et la Fourmi: "

A cigarra e a formiga

A cigarra e a formiga: "


Tendo cantado
Todo o verão, a cigarra
Quando o inverno chegou:
Não tinha um único pedaço
De mosca ou bichito.
Ela foi queixar-se da sua fome
Em casa da formiga, sua vizinha,
Pedindo-lhe para lhe emprestar
Algum grão para subsistir
Até à nova estação.
'Eu pagar-vos-ei, diz-lhe ela,
Antes de Agosto, palavra de animal,
Juros e capital.'
A formiga não é amiga de emprestar:
É o seu menor defeito.
'O que fizestes no verão?'
Diz ela a esta leviana.
'Noite e dia indo e vindo
Eu cantava, não vos desagrada'
'Vós cantáveis? Eu fico muito contente com isso:
Pois bem! Agora dançai.'







"

La Cicala e la Formica

La Cicala e la Formica: "



La Cicala che imprudente
tutto estate al sol cantò,
provveduta di niente
nell'inverno si trovò,
senza più un granello e senza
una mosca in la credenza.

Affamata e piagnolosa
va a cercar della Formica
e le chiede qualche cosa,
qualche cosa in cortesia,
per poter fino alla prossima
primavera tirar via:
promettendo per l'agosto,
in coscienza d'animale,
interessi e capitale.

La Formica che ha il difetto
di prestar malvolentieri,
le dimanda chiaro e netto:
- Che hai tu fatto fino a ieri?
- Cara amica, a dire il giusto
non ho fatto che cantare
tutto il tempo. - Brava ho gusto;
balla adesso, se ti pare. "